Récit
Le rire a toujours fait partie de ma vie. Je viens d’une famille italienne où, grandissant en banlieue parisienne, je n’entendais que rires et chants. Le rire m’a très vite servi de mécanisme de défense et s’est rendu très utile pour lutter contre ma timidité.
Plus tard il a été essentiel à ma sociabilisation.
Récit
Mon père est un sicilien né dans les années cinquante. Comme le voulait la tradition son mariage a été arrangé par ses parents mais il a choisi de s’y opposer. Il a finalement rencontré quelqu’un d’autre qui est devenue ma mère. Cette histoire a été fondatrice pour moi car je suis ce que je suis uniquement parce qu’il a fait ce choix là. J’ai grandi avec le sentiment que cet acte de rébellion m’a, en quelque sorte, prédéterminé.
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Récit
J’ai trente-huit ans.
J’ai physiquement trente-huit ans mais dans ma tête je suis restée bloquée à vingt-huit ans. Avec le recul je me dis que ce temps-là a façonné celle que je suis aujourd’hui mais voir les années filer fait se rendre compte qu’il n’en reste plus tellement pour trouver les réponses.
Récit
A dix ans, j’imaginais ma trentaine avec un job, une maison, un mari et des enfants. Pourquoi cette gamine de dix ans se projetait comme ça ?
Parce qu’en grandissant, on ne nous montre que ça. C’est un peu ce qu’on est censé faire. Alors on se précipite dans ce modèle avant même de savoir qui on est.
Récit
On n’a pas tous forcément le choix de sa route. C’est ce qui s’est passé pour moi. Dans les années 60, il n’y avait pas de programmes pour des gens comme nous (Ndla: Ahmed est IMC – Infirme Moteur et Cérébral). On nous mettait dans des centres spécialisés. Les collèges et les universités n’étant pas adaptés pour les fauteuils roulants, ma scolarité en a été très restreinte. J’ai été jusqu’en quatrième, mais sans accès, c’était bordélique, donc je n’ai pas pu faire de hautes études.