Récit

DAVY, 28 ans: « J’ai décidé de m’écouter. »

DAVY, 28 ans :

Mes deux parents ont toujours remis leur bonheur à demain. Mon père est mort il y a six ans. Ma mère, il y a un an. Jusqu’à mes vingt sept ans, j’ai fait ce qu’on attendait de moi. J’ai fait du sport. J’ai fait des études. Comme je ne savais pas quoi faire de ma vie, je me disais qu’avoir des diplômes me permettrait d’avoir plus de choix sur le plan professionnel. Donc c’est ce que j’ai fait.

CHAPITRE I

Je n’étais pas épanoui dans les études et les postes que j’ai pu occuper mais j’ai quand même continué, car soit c’était ce qu’on attendait de moi, soit on me disait que c’était bien de le faire.

Alors j’ai continué, mais je ne me sentais pas réellement vivant en le faisant. J’avais l’impression de vivre une vie qui n’était pas la mienne. Aujourd’hui, j’ai quitté un CDI confortable pour l’indépendance et une carrière dans le coaching plus tournée vers les autres.

J’ai décidé de laisser plus de place à l’empathie. Non pas que mon travail dans la logistique n’avait pas de sens mais ça n’était simplement pas passionnant pour moi.

Et je veux de la passion.

Mes parents ont vécu un tiers de leur vie sans passion. Un tiers de leur temps s’est écoulé à dormir, un tiers à travailler et un tiers à rêver de ce qu’ils feraient à la retraite. A toujours remettre leurs rêves au lendemain, ils sont morts sans s’être donnés la chance de les vivre.

Comprendre ça a été le déclic. Aujourd’hui je suis sûr que rien ne doit m’empêcher d’être moi. Seule la mort s’en chargera.

J’ai décidé de m’écouter et de passer les deux tiers de mon temps à vivre ma vie. Vivre simplement n‘est pas synonyme de vivre facilement. Il y aura des dégâts collatéraux. Mon couple vacille à cause de mes décisions car les repères changent. Mais je reste persuadé qu’être en accord avec soi est nécessaire aux bonnes fondations de sa relation à l’autre.

Évidemment, il reste la peur de l’inconnu. De ne pas savoir ce qui va arriver. De ne pas pouvoir anticiper. De manquer de références qui pourraient faciliter les réponses à nos interrogations. C’est en ça que le chemin est difficile. D’autant qu’il doit être parcouru seul car personne ne peut réellement vous aider.

Finalement, ma peur de reproduire le schéma de mes parents a été plus forte que celle d’échouer, ou d’être jugé par le regard de l’autre.

Je vivais ma vie selon les attentes des autres, j’ai finalement choisi de la vivre comme je l’entends.

Avec Davy, nous avons ce point commun d’avoir tous les deux comme compagnon de route le deuil. D’aucuns qui connaissent cette épreuve ne pourront en nier l’impact sur leur philosophie, sur la façon dont leur vie se projette. La leçon est souvent la même: le temps ne nous appartient pas. La procrastination est souvent motivée par la crainte de l’échec ou la fausse croyance de ne jamais avoir le temps. Mais l’évidence est là, remettre ses rêves, ses projets (et finalement sa vie) à demain est le meilleur moyen de ne pas les vivre.

— Fred

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